ÉCRIT PAR JAMIE GALLANT

« Ne secoue pas la tête ! » hurla la factrice qui venait de me couper la route sur une route étroite avec son camion pour la deuxième fois ce matin-là. Telle était ma première rencontre avec une habitante de Great Barrier Island. Mais j'allais bientôt découvrir que cette agression était l'exception, et non la règle, sur ce petit bout d'île paradisiaque. Et puis, avec environ 800 à 900 habitants, j'étais sûr de la croiser à nouveau. J'ai donc décidé de la tuer avec gentillesse et de lui faire un signe de la main avec un sourire à chaque fois que je le ferais.

L’île d’Aotea/Great Barrier se trouve à environ 100 km au nord-est d’Auckland, mais elle semble à mille lieues de l’agitation de la région dont elle fait techniquement partie. Pendant des années, j’avais entendu parler de ses plages immaculées, de ses sentiers tranquilles, de son ciel nocturne dégagé et d’un petit bar irlandais tenu par un véritable propriétaire irlandais. Alors, pendant un week-end d’automne, j’ai emballé mon 2×2 et un prototype de caravane avec mon matériel de camping, ma nourriture, mon appareil photo et une batterie de rechange et je l’ai conduit jusqu’aux quais de Wynyard à Auckland, où j’allais prendre le ferry pour véhicules qui traverserait le golfe d’Hauraki. En attendant dans la file d’attente pour embarquer sur le ferry, j’ai répondu à de nombreuses questions sur la moto et je suis même descendu de celle-ci pour que des touristes thaïlandais puissent se faire prendre en photo assis dessus. Pour une île qui existait hors réseau, la 2×2 UBCO est devenue instantanément un point d’intérêt et d’émerveillement.

La traversée en ferry de quatre heures et demie à travers le golfe est un voyage spectaculaire en soi et semblait être une façon appropriée de commencer une aventure sans plan précis. Tout était nouveau et inconnu. Sans réception cellulaire et avec seulement de simples cartes imprimées sur mon ordinateur, j'allais passer les prochains jours sur mon UBCO 2×2, suivant mon instinct et comptant sur les habitants sympathiques pour m'indiquer la bonne direction. Il me fallait juste d'abord décider d'une direction.

Après avoir atterri dans le village de Tryphena, au sud du pays, avec mon vélo chargé de tout le matériel dont j'aurais besoin (je l'espère), j'ai commencé à me diriger vers le nord en direction de Medlands, où j'avais entendu parler d'un camping tranquille et d'une belle plage de surf. En longeant la côte, la route s'est rapidement rétrécie, bientôt enveloppée de verdure, serpentant à travers une jungle recouverte de fougères et franchissant un col de montagne. Grâce à la puissance des deux roues motrices de l'UBCO, j'ai atteint le sommet et j'ai eu droit à une vue imprenable sur l'île. La taille de son intérieur m'a soudainement frappé. Quels secrets recelait-il ?

Arrivé à Medlands Beach en fin d'après-midi, la première chose à faire était d'installer le camp et de démonter la moto. Ayant rempli deux sacoches à ras bord et tractant une remorque, j'ai été surpris de voir à quel point le poids supplémentaire avait fait peu de différence. Je n'avais pas testé le 2×2 avec la remorque au préalable et je n'étais pas sûr de la réaction de la moto, mais le fait d'avoir la sécurité d'une batterie de rechange sur une île sans alimentation secteur pour la recharger m'a semblé être un pari qui en valait la peine.

Une fois le camp installé, il était temps de commencer à explorer et j'avais hâte de sortir des sentiers battus. Great Barrier Island regorge de recoins et de fissures cachés, et le 2×2 était à l'aise pour les explorer tous. Ce soir-là, je me suis arrêté sur le côté d'une haute berge avec une vue imprenable sur la plage en contrebas alors que le soleil commençait à se coucher, projetant une lumière dorée sur les montagnes denses au loin.

Le lendemain matin, je me suis réveillé tôt et j'ai décidé de continuer vers le nord, en passant par la capitale officieuse de Claris et en visant l'intérieur boisé de l'île. Avec ses quelques magasins, sa clinique médicale et son aéroport, Claris est le genre d'endroit où l'on peut passer à côté si l'on cligne des yeux. Et c'est aussi une partie de son charme : pas de fioritures, pas de babioles touristiques et rien ne se passe à la va-vite. C'est à Claris que j'ai rencontré Elise et Chris, un couple de locaux qui m'ont généreusement proposé de recharger l'une de mes batteries grâce à leur installation solaire domestique extrêmement cool. Vivant hors réseau, ils étaient curieux de voir comment leur installation se chargeait de charger les batteries du 2×2 puisqu'ils envisageaient de remplacer leur voiture à essence par une UBCO.

Après avoir changé mes batteries et laissé le soleil faire sa magie de transfert d'énergie, j'ai pointé le vélo en direction des montagnes et je me suis retrouvé quelque temps plus tard au début de l'Aotea Track. J'ai garé le vélo le long de la route, caché mon casque dans les buissons et je suis parti. Cette boucle de plusieurs jours emmène les randonneurs à travers de magnifiques zones humides protégées, jusqu'au sommet du mont Hobson, le point culminant des Barriers, et surtout vers des piscines chaudes naturelles sacrées situées loin dans la brousse. Desservi par deux refuges le long du chemin, le circuit peut facilement être apprécié en un long week-end et au refuge du mont Heale, les visiteurs sont récompensés de leur effort vertical par l'un des ciels nocturnes les plus clairs du monde.

Le lendemain, en revenant par Claris, j'ai récupéré ma batterie complètement rechargée chez Elise et Chris et je suis parti pour une dernière aventure avant de retourner plier le camp et de commencer le voyage de retour pour prendre mon ferry de retour chez moi. En chemin, j'ai réfléchi à ce voyage improvisé, au terrain que j'avais parcouru sur le 2×2 et à la beauté que j'avais vue en si peu de temps. J'ai adressé un dernier sourire et un dernier signe de la main à ce postier grincheux (le troisième du voyage) et j'ai décidé que, comme c'était sur le chemin, je ferais mieux d'aller inspecter ce bar irlandais dont on m'avait parlé. Car qu'est-ce qui conclut mieux un week-end sur une île paradisiaque qu'une Guinness chaude ?

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